11 juillet 2023 - Le grand départ

Jour 1 11 juillet 2023
Trajet De Treycovagnes à Saint-Laurent-en-Grandvaux
Kilomètres 73 km +1100/-620
Hébergement Au camping dans une cahute
Coûts journaliers 75 CHF
Météo Caniculaire avec de forts orages à 19h00 (alerte météo)

C'est le matin du mardi 11 juillet, 8h30 sonne le départ de mon évasion. Je prends le temps de dire au revoir à ma maman. Les adieux sont échangés dans un mélange de larmes et de câlins.

Une dualité de sentiments m'envahissent : la tristesse de quitter ce qui m'est familier et la joie frémissante de l'aventure qui m'attend. Tout ce qui compte à cet instant même, c'est de parcourir des kilomètres sans regarder en arrière, sans penser aux conséquences de mon départ vers l'inconnu.

Ma première halte se fait sur un banc ombragé par un arbre majestueux, où je tente d'échapper aux assauts du soleil. Contemplant les vastes champs agricoles qui s'étendent devant moi, un mélange de nostalgie et de gratitude pour ce que j'ai vécu jusqu'ici. Juste le temps de verser une petite larme avant de reprendre ma route. Je réalise alors que je quitte la terre de mon enfance sans savoir quand je reviendrai. Quelle folie! Les paysages familiers, les odeurs et les visages qui ont façonné mes jours semblent s'effacer lentement derrière moi. C'est un premier pas pour moi, je réalise gentiment la rupture entre ces différentes habitudes qui ont rythmé et vibré mon quotidien.
 
Maintenant, je laisse place à de nouvelles sensations, à des expériences inédites qui promettent de faire vibrer mon être d'une manière différente. C'est le début d'une quête vers l'inconnu, une invitation à découvrir ce que le monde a à offrir, loin des certitudes et des conforts de ma vie passée.
Au moment où je franchis la frontière franco-suisse, je fais un geste de la main pour dire au revoir à ce pays magnifique et à mes proches que j'adore. Je me répète dans ma tête que je reviendrai plus fort. Une promesse silencieuse se forme dans mon esprit : je reviendrai, plus fort, plein d'idées pour enrichir ma vie et peut-être inspirer les autres.
 
À Jougne, je croise un cycliste-livreur qui me prodigue quelques conseils avisés pour éviter les dénivelés inutiles sur mon chemin. Il me parle avec passion de la région des 4 lacs, que je décide aussitôt d'ajouter à mon itinéraire. C'est ça, l'esprit du voyageur : s'adapter, enrichir son parcours au gré des rencontres et des échanges. Je repars avec un sourire radieux, nourri d'une énergie positive renouvelée.
 
À 15h00, l'heure de la sieste, je m'arrête et m'allonge sous un arbre en bord de route. Je ferme les yeux, laissant progressivement s'estomper le bourdonnement incessant des voitures dans ma tête. Petit à petit, je me laisse aller, m'évadant doucement dans mon esprit de vagabond. C'est un moment de quiétude bien mérité après l'agitation des préparatifs de mon voyage. Quel soulagement !
Je reprends mes esprits alors que l'orage menace à l'horizon, prévu pour les 18h00. Avec prudence, je télécharge et teste deux applications pour trouver un refuge chez l'habitant. Sur Warmshower, je compose ma toute première demande, me questionnant s'il vaut mieux multiplier les requêtes ou attendre patiemment. Par respect et optimisme, je décide d'envoyer une seule demande, espérant le meilleur.
 
Déterminé, je me lance vers un hébergement situé à 20 km de ma position actuelle, tout en optant pour un endroit près d'un camping au cas où ma demande reste sans réponse ou reçoive un refus. La sécurité prime pour cette première nuit ; je préfère éviter les imprévus dès le départ.
 

Dévalant des pentes jusqu'à l'assaut final sous un soleil implacable, les derniers kilomètres deviennent un véritable défi avec une chaleur accablante dépassant les 35°C. L'ombre se fait rare, mes gourdes se vident rapidement, ayant déjà consommé plus de 4 litres d'eau depuis le départ. Le poids de mon équipement se fait de plus en plus oppressant. Soudain, un cycliste bienveillant me dépasse, s'inquiétant de mon état, me demande comment je vais. Je réponds simplement "ça va", mais l'idée de me faire tracter me traverse l'esprit... Bien sûr, je choisis de persévérer, donnant des coups de pédale plus forts pour gravir la dernière montée.

Enfin, j'atteins St-Laurent-en-Grandvaux. Les nuages deviennent de plus en plus menaçant et, après vérification sur internet, je découvre que la famille contactée est en vacances et ne peut m'héberger. Sans perdre de temps, je me dirige vers la deuxième option : le camping. Par chance, je trouve de petites cabanes avec un toit solide et un lit, à l'abri du mauvais temps. C'est exactement ce qu'il me fallait !

Cette première journée, riche en défis et en découvertes, me rappelle pourquoi j'ai entrepris ce voyage. Chaque obstacle surmonté renforce ma détermination et me prépare à ce que la route me réserve encore.

Pour couronner cette journée intense et chargée d'émotions, je me permets une bière bien méritée. Installé dans mon refuge, je m'endors au son des grêlons martelant le toit, des éclairs zébrant le ciel et du vent tentant de soulever mon lit. Malgré cette symphonie tumultueuse, le sommeil m'accueille sans difficulté et me berce jusqu'au petit matin.