Jour 3 & 4

Jour 3 : Les Saveurs de Randonnée

À 6h45, je me lance sur le sentier, guidé par les premières lueurs du jour qui promettent une journée d'aventure. Je trouve refuge sur un promontoire rocheux pour contempler le lever du soleil. Les rayons dorés caressent mon visage, apportant une chaleur bienvenue alors que je savoure la sérénité du matin. Mon petit-déjeuner modeste, deux barres de céréales, contraste avec la grandeur du paysage qui m'entoure. C'est mon unique repas avant d'atteindre Amélie-les-Bains après sept heures de marche. Une fois là-bas, je me réjouis à l'idée d'un bon plat.


En chemin, je croise un couple de randonneurs rencontrés au gîte. Tour à tour, nous nous dépassons, créant une danse silencieuse sur le sentier. Un appel de l'inconnu me pousse à bifurquer vers le chemin de la Saline, ajoutant une touche de mystère à mon périple.


La montée se déroule étonnamment bien. Mes muscles répondent avec énergie et mon sac à dos semble presque léger. En descente, la hâte de rejoindre le village avant 14h me pousse à accélérer. Le soleil est haut dans le ciel, caché par les nuages, et mes mollets se durcissent à chaque pas. Cette tension persistera jusqu'à ce que je m'endorme.

À mon arrivée, je me régale d'un repas délicieux – sardines en entrée, suivies de brochettes de veau avec des aubergines grillées. La satisfaction de ce festin après une journée de marche donne une saveur particulière à chaque bouchée. Rassasié et légèrement somnolent, je me mets en quête d'un camping pour la nuit. Mes pas sont lents mais déterminés, et après 2 km, je trouve enfin un endroit pour planter ma tente. Là, je me repose, fais ma lessive, et laisse l'eau claire emporter la poussière du chemin.

Je m'installe, savourant le calme de la nature environnante ...

Jour 4 : Les Chemins de l'Inattendu

Aujourd'hui, c'est une randonnée de 14 km avec 1200 mètres de dénivelé. Je commence ma journée en savourant un pain au chocolat et un croissant frais, achetés à la boulangerie du village. Assis sur un banc, je savoure ces douceurs matinales avant de m'équiper pour la journée. Mon sac à dos solidement fixé, je m'élance vers la montagne.

Le soleil est impitoyable, ses rayons frappent avec une intensité écrasante. La chaleur est accablante, et je cherche désespérément des zones d'ombre pour me rafraîchir. Les pentes raides, certaines atteignant plus de 27%, transforment le sentier en une série de marches abruptes. Chaque pas est un défi, mais étonnamment, le poids de mon sac se fait oublier. C'est la chaleur qui me gêne le plus, chaque goutte de sueur ralentissant mon avancée. Mes vêtements sont détrempés, et la sueur ruisselle de mon front, rendant mes mains moites et glissantes. 

Soudain, j'entends le doux murmure d'un ruisseau. Quelle bénédiction ! Je me penche pour me rafraîchir et remplis ma gourde filtrante d'eau fraîche. Ah, quel bonheur de goûter à cette eau pure !

Sur le sentier, je croise un homme à l'allure singulière, un ermite cueillant des fleurs sauvages. Son apparence dénote une vie passée loin de la civilisation, avec ses vêtements usés et ses cheveux en bataille. Voyant mon hésitation quant à la direction à prendre, il s'approche avec un sourire énigmatique et m'indique la bonne route. Puis, il me propose de me montrer un dolmen caché dans la forêt. Une pointe de méfiance me traverse, mais ma curiosité insatiable l'emporte, et je décide de le suivre, intrigué par cette rencontre inattendue.

Nous longeons une cabane rustique, qu'il désigne comme son refuge à l'année. Ensuite, nous nous enfonçons dans la forêt dense, où la lumière du soleil peine à percer à travers le feuillage épais. Chaque pas est un défi, avec des branches basses et des toiles d'araignées qui s'accrochent à mon visage. Mon cœur bat plus vite à chaque instant, l’excitation se mêlant à une légère angoisse.

Le petit homme avance avec une assurance tranquille, tandis que je reste sur mes gardes. La forêt semble se refermer sur nous. Après ce qui me semble être une éternité, nous atteignons enfin une clairière secrète.

Là, au cœur de la végétation luxuriante, se dresse le dolmen, envahi par les racines et les fougères. Ce sont plusieurs pierres massives qui forment une sorte de grotte primitive, défiant le temps et l'oubli. Difficile de s'en rapprocher sans écarter les plantes tenaces qui le protègent. Le dolmen, imposant et mystérieux, se dresse là, témoin silencieux d'un passé lointain. Mon guide, avec une lueur de passion dans les yeux, m'explique que ces structures sont des symboles de pouvoir et d'organisation sociale, et des lieux de pratiques rituelles, inscrivant les communautés humaines dans un réseau complexe de relations avec le monde des morts, le territoire et le cosmos.

Debout devant ce monument ancestral, cette rencontre imprévue avec l'ermite et la découverte du dolmen ajoutent une dimension envoûtante à mon périple. Chaque détour, chaque rencontre, me rappelle que l'aventure se cache souvent là où on l'attend le moins, révélant des trésors insoupçonnés.

La dernière montée, éreintante, me laisse en nage. Mon corps brûle, et je décide de soulager cette chaleur en retirant mon T-shirt. À présent torse nu, je poursuis ma marche, accueillant l’air frais de la montagne.

Mais alors que je rejoins la route menant au refuge, je suis pris au dépourvu. Me retrouvant face à face avec des policiers armés et un hélicoptère. Moi, simple randonneur, me voilà soudainement au cœur de cette agitation inattendue. Leurs regards perçants me scrutent, et un malaise grandit en moi. Qu’est-ce qui se passe ? Une opération de recherche ? Un incident grave ?

Pourtant, la réalité est tout autre. Je découvre que je suis au milieu d’un tournage pour la série télévisée “Rivières perdues”. Autour de moi, c’est une fourmilière d’activité. Des techniciens s’affairent, ajustant des équipements, donnant des instructions. L’effervescence est presque chaotique, mais étrangement organisée. Mon esprit tourbillonne entre amusement et embarras, mais surtout, une excitation inattendue.

Un peu plus haut, j’installe mon bivouac. À côté de moi, les acteurs se reposent, allongés sur des couvertures. Cette situation cocasse me rappelle un autre jour mémorable, lorsque je m’étais retrouvé par hasard au cœur d'une course de trail. Mon sac à dos imposant faisait de l’ombre aux coureurs déterminés, perturbant leur cadence. Un photographe, capturant l'essence de cette épreuve, m’avait immortalisé, croyant que j’étais l’un des compétiteurs. Ce souvenir me fait sourire et me rappelle à quel point l’aventure peut surgir des situations les plus inattendues, transformant des moments ordinaires en récits extraordinaires.

Ce soir-là, je me retrouve entouré d’autres randonneurs. Nous formons une véritable équipe, un microcosme de nationalités et d’âges différents. Les langues se mêlent, les sourires s’échangent, et c’est un véritable plaisir de partager ces moments avec des inconnus devenus complices le temps d’une aventure.

Certains marchent dans la même direction que moi, d’autres s’enfoncent dans les sentiers opposés. Mais peu importe la destination, nous partageons tous cette passion commune pour la montagne. Et c’est dans ces échanges, ces conseils précieux, que je trouve la vraie richesse de cette expérience.

Pourtant, ce n’est pas la camaraderie qui occupe mes pensées ce soir-là. Non, c’est autre chose. C’est cette photo, celle que David et Simon m’ont montrée. Le lever de soleil au sommet du Canigou. Ils en parlent avec des étoiles dans les yeux, une émotion palpable dans leur voix. Ils disent que c’est un moment sacré, un instant où le monde bascule dans une autre dimension.

Alors, je décide de raccourcir mon itinéraire pour demain. Plutôt que de marcher toute la journée, je choisis de m’arrêter plus tôt. Ainsi, le lendemain, je veux être là-haut, au sommet, à l’aube. Je veux voir ces couleurs incandescentes, ressentir cette magie qui opère lorsque le premier rayon touche la crête. Je veux vivre ce moment inoubliable dont ils parlent, avec la larme à l’œil.

Et maintenant, allongé dans ma tente, je ferme les yeux. Demain sera différent. Demain sera magique. Et je ne peux pas attendre.