15 - 16 juillet 2023 - Recherche de mon identité

Jour 5 à 6 15 juillet 2023 16 juillet 2023
Trajet De Palinges à Lapalisse De Lapalisse à Cournon-d'Auvergne
Kilomètres 75km +540 / -530 95km +490/-450
Hébergement Sous tente Dans une cahute
Coûts journaliers 36CHF 54CHF
Météo Pluie matin et soir / après-midi ensoleillé nuageux, peu de vent

Jour 5

Je reprends ma route après un jour de repos, reboosté et prêt pour une nouvelle journée sportive. Mon journal de bord est à jour, mon site a été modifié, et je me sens en pleine forme. Sur la route, je sens la légèreté s'installer, bien plus qu'aux premiers jours. Je m'évade dans mes pensées, sans trop m'inquiéter de l'endroit où je passerai la nuit.

Je m'arrête au bord de la route, à côté d'une maisonnette en pierre avec une vue dégagée sur la plaine. En dévorant une banane, je m'envole dans de profondes réflexions. Comment trouver ma véritable identité après tous ces chamboulements ? Plus de repères, de logement, de voiture, de moto, de travail, plus aucune habitude. Wow ! Quel sacré changement ! Moi, qui accorde tant d'importance aux biens matériels et à mes petites habitudes, me voilà démuni de tout ce qui me rassurait. Pourquoi avoir décidé de tout quitter ? Je n'ai pas encore la réponse. Peut-être ne l'aurai-je jamais. Mais ce besoin de tout quitter était là, pressant. Maintenant, l'objectif est de découvrir ma véritable identité, dépouillée de toutes ces interférences. Voilà mon étude pour les semaines à venir.

Après 20 km, j'aperçois au loin un nuage gris menaçant. Oulala, ça promet de l'action pour la journée ! Et je me dirige droit vers lui. Je m'arrête pour chercher un chemin alternatif, mais aucune autre option ne s'offre à moi. J'enfile ma veste et pars à sa rencontre.

La pluie diluvienne ne tarde pas à m'attraper. Les gouttes frappent fort, et je me réfugie sous un arbre pour me protéger. La pluie se calme gentiment, et je suis accueilli par une fine bruine pendant une petite heure. Cela rafraîchit l'air et me fait du bien. Je continue mon aventure, prêt à affronter tout ce qui se présente sur mon chemin.

Nouvelle aventure qui s'offre à moi ! Je m'engage sur un sentier caillouteux et sableux, exigeant une grande adresse pour éviter de tomber. La pente devient de plus en plus raide, et la route de plus en plus bosselée. Heureusement que le poids est derrière, ça m'évite de passer par-dessus le guidon. Quelques surprises m'attendent en chemin, bien sûr, car ce serait trop facile sinon.

À la fin de la descente, une belle montée se profile. Les petites vitesses ne suffisent plus, et le poids me force à descendre du vélo. Je pousse le vélo sur environ 200 mètres, les pieds en canard pour éviter de glisser. Une fois au sommet, je remonte sur mon VTT et continue sur les routes asphaltées.

En grimpant, je traverse un village et croise une gentille dame qui s'écrie : "Courage !" Nous échangeons quelques mots, et je repars reboosté, prêt à affronter la suite de mon aventure.

Au bout d'une septantaine de kilomètres, je me retrouve au cœur de la ville de Lapalisse, riche de son patrimoine historique et culturel. Impossible de résister à l'envie de planter ma tente dans ce magnifique endroit. D'autant plus qu'il prévoit de la pluie en fin de journée, mieux vaut assurer en montant ma tente avant l'orage.

Je termine ma journée avec un apéro dans ma tente, à l'abri de la pluie. Quelle chaleur ! On se croirait dans une serre tropicale.


Jour 6

Je sors de ma tente. Tout autour de moi est trempé. Je prends mon petit déjeuner. Au menu : du pain mou et une pêche éclatée. Quelle invitation gourmande ! Assis seul sur un banc, regard au loin. À première vue, on pourrait croire que je suis dépité, qu'on pourrait même avoir pitié de moi. Pourtant, un petit sourire en coin trahit mon amusement. Mais dans quelle situation je me suis encore mis ? Serait-ce ça, la vie de vagabond ? Non, c'est juste moi, en plein périple, traversant des lieux où peu de gens s'aventurent.

Je m'organise pour éviter de mouiller mes affaires. Je range ma tente trempée dans un sac étanche, en me disant que je la sécherai en fin de journée. Pas de temps à perdre, l'envie de repartir est trop forte.

J'enfourche mon vélo, prêt à découvrir de nouveaux horizons. Pourtant, la magie de cette journée se dissipe rapidement. Je manque de motivation. Je roule sur une route nationale, frôlé par des camions. C'est dangereux par moments, mais il n'y a pas de piste cyclable. Juste une "bande cyclable" défraîchie et étroite. Les paysages ne sont pas exceptionnels, juste des endroits inconnus sans éclat particulier. Une journée juste ordinaire, répétitive, semblable à celles que je vivais avant mon départ.

Un voyage n'est pas toujours extraordinaire, surtout quand le trajet est long. Je dois apprendre à trouver l'extraordinaire dans l'ordinaire. Une sensation, une odeur, une texture ... j'ai envie d'éveiller mes cinq sens. Cela me permettrait de vivre ce voyage différemment. À méditer.

Le ventre creux, il est temps de m'alimenter. Je sors ma petite boîte de sardines, ce pain mou encore une fois, et quelques prunes qui ont tenu le voyage. Pendant ce temps, je vois que ma copine répond à mes messages. Je l'appelle pour échanger un moment, j'ai besoin de partager. Même si nos quotidiens sont bien différents et que nos obligations ne se ressemblent pas, nous puisons chez l'autre l'énergie nécessaire pour avancer dans nos défis respectifs. Malgré la distance, nous arrivons à nous motiver. Nous nous écoutons mutuellement. Nos échanges sont précieux, encore plus maintenant. Cet appel transforme ma journée, me donnant l'impulsion pour continuer avec un nouvel élan.

Quelques montées se font sentir, mais elles sont courtes, donc je progresse rapidement. Je m'enfonce dans des chemins escarpés, mais j'en ressors vite. J'admets cependant que pour la dernière montée, j'ai dû pousser mon vélo.

Je progresse à vive allure. L'Allier serpente à ma gauche, puis à ma droite. À un moment donné, je décide de chercher un camping. Il en existe un à 10 km d'ici, alors je me mets en route pour le trouver. Je m'engage sur un chemin qui se rétrécit au fur et à mesure que j'avance, se transformant même en sentier pédestre. Où est-ce que je vais atterrir ? Soudain, je me retrouve à lutter contre les orties, les ronces... Ça me démange de partout, mais je dois garder l'équilibre pour éviter de finir en plein vol plané dans les orties !

J'atteins enfin ce petit coin de paradis, un camping au bord du lac, vibrant de cris joyeux d'enfants. Quel bonheur de les entendre s'amuser ! On me propose une chambre pour seulement 7 CHF de plus. C'est une petite folie, presque 18 % de mon budget quotidien ! Mais parfois, il faut savoir se faire plaisir. Je trouverai bien un moyen de compenser plus tard.

Déjà, j'ai obtenu une réponse positive pour la nuit prochaine : je dormirai chez l'habitant. Wow ! Peut-être que je commence à maîtriser cet art, ou serait-ce juste un coup de chance ? À suivre...